Auteur/autrice : Françoise Jubin

  • Le carnet de Paul Duval

    Le carnet de Paul Duval

    Tout au long de cette année 2025, nous fêtons la fin de la seconde guerre mondiale et la victoire des alliés sur la barbarie nazie. Nous commémorons également le retour des rescapés des camps de concentration et les moments douloureux pour les familles de ceux qui n’en sont pas revenus.

    Les historiens, longtemps freinés par le silence des victimes et l’inaccessibilité des archives, découvrent encore tous les jours des informations sur la vie dans les camps de la mort.

    Déportation et Musée de la Résistance

    L’histoire de la déportation est l’une des missions que s’est donnée l’association du Musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération du département du Lot.
    Depuis sa création en 1989, ses fondateurs, leurs successeurs et des bénévoles passionnés n’ont cessé de recueillir, dans tout le département témoignages, documents et objets qui ont été exposés dans l’ancien musée. Le public retrouvera ces précieuses collections enrichies des découvertes récentes dès l’ouverture du nouveau musée prévue pour 2026.

    Carnet de Paul Duval
    Carnet de Paul Duval – association MRDL

    Le carnet de Paul Duval fait partie des nouveautés.
    Découverte incroyable, et surtout improbable d’un objet mystérieux qui tient dans la pomme de la main et qui n’en a pas fini de raconter son histoire.

    Histoire d’une découverte

    Carnet de Paul Duval

    En octobre 2023, dans le Lot, un bénévole d’Emmaüs Cahors, également membre de l’association du musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération du Lot, a découvert un étonnant carnet. Gardé précieusement dans le tiroir d’une machine à coudre depuis presque 80 ans, c’est un trésor historique qui refait surface totalement par hasard.

    Il a été confié à deux jeunes chercheurs, missionnés par la Ville de Cahors dans le projet de refonte du musée de la Résistance, Charlotte Leroy et Enzo Delpech, qui sont parvenus à retracer le parcours de ce déporté.

    Le contenu du carnet

    Le carnet n’est pas très grand, il mesure une dizaine de centimètres, et tient dans la paume d’une main. Il est composé d’une soixantaine de pages, jaunies par le temps et enveloppées par une couverture en aluminium. En l’examinant, les chercheurs pensent qu’il s’agit probablement d’une enveloppe en duralumin, matériel utilisé dans la confection de pièces de fuselage d’avions allemands.

    Carnet de Paul Duval

    L’enveloppe conserve également plusieurs numéros de matricule et divers noms de camps. C’est grâce à ces précieuses informations et aux archives, qu’ils ont réussi à déterminer à qui pouvait appartenir ce carnet : Paul Duval, un résistant originaire du Mans (Sarthe), né en 1915 et décédé en 1945 dans le camp de Flöha, en Allemagne. 

    Le parcours de Paul Duval

    Grâce à la découverte de nouveaux éléments recueillis auprès des Archives fédérales allemandes, les chercheurs sont parvenus à identifier le dernier domicile de Paul Duval.
    Lors de son arrestation, il résidait chez une famille de boulangers à Terrasson (Dordogne). De nouvelles interrogations fleurissent alors : était-il réfugié en Dordogne depuis 1940 ? Pourquoi habitait-t-il chez un boulanger, étant donné qu’il exerçait également ce métier ? Beaucoup de questions pour lesquelles les historiens travaillent encore aujourd’hui.

    Paul Duval, arrêté le 7 janvier 1944, a d’abord été emprisonné à Biarritz, avant de partir vers Bordeaux et Compiègne. Ensuite, il est déporté par le « convoi des tatoués » du 27 avril 1944 vers les camps de concentration d’Auschwitz, Buchenwald, Flossenbürg et Flöha, où il meurt du typhus seulement quelques jours avant la libération du camp.

    Sur les pages du livret, pas de récit, mais une liste d’une centaine de recettes de cuisine, probablement utilisées comme un palliatif à la détention et à l’horreur de la Déportation.

    Carnet de Paul Duval
    Carnet de Paul Duval
    Carnet de Paul Duval

    Partageant probablement ces recettes avec ses codétenus, le carnet conserve aussi 25 noms. Tous, quasiment, exerçaient des métiers de bouche : boulangers, pâtissiers, restaurateurs et hôteliers.

    Beaucoup de zones d’ombre persistent : les initiales présentes sur la couverture, le parcours du carnet entre l’Allemagne et le Lot, et les raisons de sa déportation.

    Les recherches se poursuivent.

  • Hommage à Jean Mazet

    Hommage à Jean Mazet

    (un héros modeste)

    J’ai fait la connaissance de Jean Mazet en juin 2023, à l’occasion de la pose d’une plaque commémorative en hommage au Résistant François JUBIN, abattu devant sa maison par les soldats de la 11è division blindée de la Wehrmacht.

    En 1943, à l’âge de 19 ans, Jean Mazet quitte Paris pour rejoindre sa famille à Gourdon et entre dans la Résistance, aux côtés de son père, au maquis de la Melve, au sein du Corps Franc Pommiès.

    « Jean Mazet raconte « J’avais 19 ans quand Jean Admirat et venu me trouver. Il m’a dit« on a besoin de toi ».

    On a reçu des parachutages d’armes. On les a enterrés chez mes parents à la Madeleine et le maquis venait se ravitailler toutes les semaines. Pendant deux ans, j’étais chargé d’emmener tous les jeunes qui partaient pour le maquis de la Melve. (7 km aller, 7 km retour, dans la nuit). (extrait de l’interview paru dans le bulletin de liaison, l’Etoile Noire, n°218, 2025-1 du Corps Franc Pommiès / 49è R.I.).

    À 101 ans, Jean Mazet a gardé une vivacité d’esprit et une mémoire étonnantes. Le 15 janvier 2025, jour de son anniversaire, il a reçu des mains du Docteur Ménard la médaille de chevalier de la Légion d’honneur, en présence de la Préfète du Lot, Claire Raulin, de la Sous-Préfète et de nombreuses personnalités de Gourdon. Un très bel hommage lui a été rendu par Christiane Bouat, présidente de la Société des Membres de la Légion d’Honneur du Lot (SMLH 46) :

    Extraits : « … Père, soldat de la Grande Guerre, vous faites partie de ces Français qui n’ont pas consenti à la défaite et la soumission… La ferme familiale, dans un environnement en permanence dangereux, devint alors une plaque tournante… enterrer des armes parachutées, ravitailler ou conduire des hommes au maquis de la Melve, confectionner des charges explosives, assurer les liaisons…  Au cours des sinistres journées de juin 44, Jean Admirat, Noël Poujade, Jean Calvès, le Docteur François Jubin et tant d’autres périssent. Votre père, Henri, abattu alors qu’il travaillait dans une vigne, et ce, sous les coups de détachements de la 11è Panzer Division…».

    À la suite de cette cérémonie, Jean Mazet a donné une interview au média Neo qui est parue sur Facebook (voir rubrique « Témoignages »)

    Aux cotés de Jean Mazet, il faut rendre également hommage au travail de mémoire réalisé par son ami Johan Durand, fils de Résistant « mort pour la France », qui a consacré plusieurs années à la réalisation de deux ouvrages sur la Résistance en Quercy / Périgord. rassemblant les documents d’archives et les témoignages des anciens combattants du Corps Franc Pommiès. ( Tome 1 : Clandestinité -Témoignages pour mieux comprendre la Résistance – 1940-1944. Tome 2 : La lutte ouverte pour la libération de la France – Témoignages de Résistance 1944 – Édités par les anciens combattants du Corps Franc Pommiès).