Tout au long de cette année 2025, nous fêtons la fin de la seconde guerre mondiale et la victoire des alliés sur la barbarie nazie. Nous commémorons également le retour des rescapés des camps de concentration et les moments douloureux pour les familles de ceux qui n’en sont pas revenus.
Les historiens, longtemps freinés par le silence des victimes et l’inaccessibilité des archives, découvrent encore tous les jours des informations sur la vie dans les camps de la mort.
Déportation et Musée de la Résistance
L’histoire de la déportation est l’une des missions que s’est donnée l’association du Musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération du département du Lot.
Depuis sa création en 1989, ses fondateurs, leurs successeurs et des bénévoles passionnés n’ont cessé de recueillir, dans tout le département témoignages, documents et objets qui ont été exposés dans l’ancien musée. Le public retrouvera ces précieuses collections enrichies des découvertes récentes dès l’ouverture du nouveau musée prévue pour 2026.

Le carnet de Paul Duval fait partie des nouveautés.
Découverte incroyable, et surtout improbable d’un objet mystérieux qui tient dans la pomme de la main et qui n’en a pas fini de raconter son histoire.
Histoire d’une découverte
En octobre 2023, dans le Lot, un bénévole d’Emmaüs Cahors, également membre de l’association du musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération du Lot, a découvert un étonnant carnet. Gardé précieusement dans le tiroir d’une machine à coudre depuis presque 80 ans, c’est un trésor historique qui refait surface totalement par hasard.
Il a été confié à deux jeunes chercheurs, missionnés par la Ville de Cahors dans le projet de refonte du musée de la Résistance, Charlotte Leroy et Enzo Delpech, qui sont parvenus à retracer le parcours de ce déporté.
Le contenu du carnet
Le carnet n’est pas très grand, il mesure une dizaine de centimètres, et tient dans la paume d’une main. Il est composé d’une soixantaine de pages, jaunies par le temps et enveloppées par une couverture en aluminium. En l’examinant, les chercheurs pensent qu’il s’agit probablement d’une enveloppe en duralumin, matériel utilisé dans la confection de pièces de fuselage d’avions allemands.

L’enveloppe conserve également plusieurs numéros de matricule et divers noms de camps. C’est grâce à ces précieuses informations et aux archives, qu’ils ont réussi à déterminer à qui pouvait appartenir ce carnet : Paul Duval, un résistant originaire du Mans (Sarthe), né en 1915 et décédé en 1945 dans le camp de Flöha, en Allemagne.
Le parcours de Paul Duval
Grâce à la découverte de nouveaux éléments recueillis auprès des Archives fédérales allemandes, les chercheurs sont parvenus à identifier le dernier domicile de Paul Duval.
Lors de son arrestation, il résidait chez une famille de boulangers à Terrasson (Dordogne). De nouvelles interrogations fleurissent alors : était-il réfugié en Dordogne depuis 1940 ? Pourquoi habitait-t-il chez un boulanger, étant donné qu’il exerçait également ce métier ? Beaucoup de questions pour lesquelles les historiens travaillent encore aujourd’hui.
Paul Duval, arrêté le 7 janvier 1944, a d’abord été emprisonné à Biarritz, avant de partir vers Bordeaux et Compiègne. Ensuite, il est déporté par le « convoi des tatoués » du 27 avril 1944 vers les camps de concentration d’Auschwitz, Buchenwald, Flossenbürg et Flöha, où il meurt du typhus seulement quelques jours avant la libération du camp.
Sur les pages du livret, pas de récit, mais une liste d’une centaine de recettes de cuisine, probablement utilisées comme un palliatif à la détention et à l’horreur de la Déportation.


Partageant probablement ces recettes avec ses codétenus, le carnet conserve aussi 25 noms. Tous, quasiment, exerçaient des métiers de bouche : boulangers, pâtissiers, restaurateurs et hôteliers.
Beaucoup de zones d’ombre persistent : les initiales présentes sur la couverture, le parcours du carnet entre l’Allemagne et le Lot, et les raisons de sa déportation.
Les recherches se poursuivent.